Cesser de conduire peut être très émotionnel parce que conduire répond à des besoins différents selon la personne. Il en résulte que cesser de conduire peut avoir un impact sérieux sur le sentiment d’identité et d’estime de soi de la personne atteinte de trouble neurocognitif. Par exemple, conduire peut être lié à divers aspects du sentiment d’identité et du mode de vie comme :
-
la sensation de liberté, d’indépendance et de contrôle;
- le travail et les moyens de subsistance;
- l’amitié et d’autres formes de connexion, comme la participation aux offices religieux;
- le rôle, comme s’occuper d’un conjoint, d’enfants ou de parents âgés;
- le plaisir, comme une promenade en voiture à la campagne;
- le sentiment de jeunesse.
- J’ai toujours aimé conduire. C’est un plaisir. J’aime parcourir les
routes, les autoroutes, les routes de campagne et simplement regarder. C’est
reposant. C’est thérapeutique. Quand on est vraiment contrarié par exemple, on
prend un bain de nature. On va au parc en voiture. Ou on saute dans la voiture
pour rendre visite à quelqu’un.
- Cela me donne un sentiment de liberté. Je n’ai pas besoin de compter
sur quelqu’un d’autre pour me conduire quelque part. Si je veux simplement
aller prendre un café avec mes amies, je prends la voiture et j’y vais.
- C’est synonyme d’indépendance, surtout en milieu rural. Quand on vit
dans une petite ville à la campagne, l’autobus ne passe pas toutes les
30 minutes.
Quelles que soient les émotions que vous ressentez, vous devez veiller à vos besoins émotionnels au jour le jour, pas seulement à ceux de la personne atteinte de trouble neurocognitif. Essayez les idées suivantes :
Faites attention à vos émotions
Cesser de conduire n’est qu’une des nombreuses transitions importantes auxquelles vous devrez faire face à mesure que la maladie de la personne atteinte de trouble neurocognitif progresse. Vous pourriez avoir une impression de montagnes russes émotionnelles. Pour y faire face, il est important de reconnaître qu’il est normal de ressentir un éventail d’émotions comme :
- La perte, la tristesse et le deuil concernant le fait que cesser de conduire est l’une des nombreuses façons que la personne atteinte de trouble neurocognitif finira par perdre son indépendance. Cesser de conduire pourrait représenter la perte de vos rêves pour l’avenir.
- La peur et l’anxiété concernant comment la personne atteinte de trouble neurocognitif se déplacera et comment tout sera accompli, ainsi que comment affronter les émotions de la personne atteinte de trouble neurocognitif et les vôtres face à ce changement de vie majeur.
- La frustration, la colère et la culpabilité concernant le déroulement de la transition de conducteur à passager, surtout si la personne atteinte de trouble neurocognitif a réagi à l’idée de cesser de conduire avec une grande tristesse, le repli sur elle-même, la colère ou le blâme.
- Le découragement et l’irritation concernant le fait que, bien que la personne atteinte de trouble neurocognitif ait cessé de conduire, elle est toujours en déni et pense qu’elle devrait encore être autorisée à conduire;
- Le débordement résultant des responsabilités supplémentaires d’assurer toute la conduite, de devoir toujours être le chauffeur ou de faire tous les arrangements nécessaires.
Ménagez-vous
Une fois que vous avez identifié ce que vous ressentez, par exemple, de la tristesse, de l’anxiété ou de la colère, n’essayez pas d’éviter l’émotion en agissant comme si de tels sentiments n’existent pas. Vivez plutôt l’émotion. Par exemple, pour soulager un sentiment de perte plutôt que de le nier, ménagez-vous en vous permettant d’en faire le deuil. Les signes que vous êtes en deuil comprennent :
- des signes physiques, comme l’essoufflement, la bouche sèche, la poitrine serrée, des difficultés à dormir ou un manque d’énergie;
- des changements comportementaux ou émotionnels, comme les larmes, l’agitation, la perte d’objets, la confusion, la désorientation ou l’inquiétude.
N’ayez pas l’impression que vous devez le faire seul(e)
Identifiez des personnes dans votre vie qui pourraient être en mesure de fournir du soutien. Par exemple :
- Établissez des contacts avec des membres de la famille.
- Communiquez avec des amis qui étaient là pour vous par bon et mauvais temps.
- Demandez-vous si certains de vos voisins, collègues de travail ou chefs spirituels pourraient être en mesure de fournir un soutien précieux.
- Consultez votre médecin ou un autre professionnel de la santé physique ou mentale.
- Communiquez avec d’autres gens qui s’occupent d’une personne atteinte de trouble neurocognitif par le biais de groupes de soutien en personne ou de forums de discussion en ligne.
- Utilisez la feuille de travail Not Going It Alone: Who Can Offer Support? (cliquez ici) pour aider à bâtir un réseau de soutien. Cette feuille a été produite par l’organisme The Hartford (en anglais seulement).
- Contactez la Société Alzheimer régionale (cliquez ici).
- Parlez à quelqu’un de votre côté de la situation quand vous êtes devenu
le seul conducteur et donc la seule personne à faire toutes les courses,
l’épicerie, les transactions d’affaires, etc. C’est un lourd fardeau pour une seule
personne.
- Vérifiez si d’autres membres de la famille ou des amis pourraient
emmener votre membre de la famille atteint de trouble neurocognitif prendre un
café ou un repas, aller à un événement sportif ou peut-être aller au cinéma de
temps à autre, simplement pour vous donner un peu de répit.
Essayez de faire preuve d’empathie
Si vous avez du mal à accepter comment la personne atteinte de trouble neurocognitif s’ajuste à l’idée de ne plus conduire, l’empathie peut aider. Reconnaître les émotions de la personne atteinte de trouble neurocognitif peut améliorer sa compréhension de la situation. La conduite automobile remplit des besoins différents selon la personne. Il en résulte que cesser de conduire peut avoir un impact sérieux sur le sentiment d’identité et d’estime de soi de la personne atteinte de trouble neurocognitif. Par exemple, conduire peut être lié à divers aspects de son sentiment d’identité et de son mode de vie comme :
- le sentiment de liberté et d’indépendance;
- le travail et les moyens de subsistance;
- l’amitié et d’autres formes de connexion, comme la participation aux offices religieux;
- le rôle, comme s’occuper d’un conjoint, d’enfants ou de parents âgés;
- le plaisir, comme une promenade en voiture à la campagne.
En tant que changement de vie majeur, cesser de conduire peut mener à une gamme d’émotions, même pour les personnes qui ne sont pas atteintes de trouble neurocognitif. Pour celles qui le sont, les réactions peuvent être encore plus fortes en raison du manque de mémoire et de compréhension qui font souvent partie du trouble neurocognitif. Le manque de conscience des dangers à conduire d’une personne atteinte de trouble neurocognitif complique particulièrement l’appréciation des limites qui lui sont imposées. Ses émotions peuvent également changer au fil du temps. Pour aider la personne atteinte de trouble neurocognitif à affronter la gamme d’émotions qu’elle peut ressentir maintenant ou dans le futur, voici quelques idées :
Anticiper une gamme d’émotions
En comprenant la gamme d’émotions que peut ressentir la personne atteinte de trouble neurocognitif, vous serez dans une meilleure position pour l’aider à s’ajuster à la vie sans conduite automobile. Essayez de comprendre ce que vit la personne atteinte de trouble neurocognitif en reconnaissant que les émotions comprennent habituellement :
- La perte, la tristesse et le chagrin concernant ce que conduire représente pour la personne atteinte de trouble neurocognitif. Pour nombre d’entre elles, conduire est synonyme d’indépendance et d’autosuffisance. Cesser de conduire peut également représenter un autre choc en ce qui a trait au diagnostic de trouble neurocognitif et au fait qu’elle perdra graduellement de nombreuses aptitudes. Elle peut également ressentir une perte de la fierté associée à une possession précieuse comme une automobile.
- La peur et l’anxiété concernant ce que deviendra sa vie sans conduite automobile. Par exemple, elle peut se faire du souci au sujet de comment elle se déplacera, à la fois pour des raisons pratiques et pour des raisons de socialisation et de joie de vivre.
- La culpabilité concernant le fait que toutes les responsabilités de la conduite automobile incombent désormais aux autres et qu’elle devient un fardeau pour eux. Cela peut accroître la culpabilité qu’elle ressent déjà au sujet de l’aide qu’elle reçoit globalement en raison du diagnostic de trouble neurocognitif.
- La frustration et la colère concernant ce qu’elle perçoit comme une perte de contrôle sur ses déplacements.
- L’agitation et l’irritation concernant son incapacité à exprimer ses sentiments à mesure que le trouble neurocognitif progresse ou à bien comprendre qu’elle a cessé de conduire. Elle peut avoir la sensation générale que quelque chose ne va pas.
- L’embarras concernant le fait de devoir admettre aux autres qu’elle ne peut plus conduire.
- Le refus du fait qu’elle n’est plus capable de conduire de façon sécuritaire et qu’il était temps de s’arrêter, peut-être parce qu’elle ne se souvient pas d’incidents de conduite automobile non sécuritaire ou en raison du manque de conscience de sa perte d’aptitude à conduire. Cela peut mener à l’insistance qu’elle devrait avoir le droit de conduire.
Voici à quoi peuvent ressembler diverses émotions :
- Le refus – « Ce n’est pas possible… Je peux conduire aussi bien qu’auparavant. » / « Je suis toujours aussi intelligent. »
- La colère – « Pourquoi moi? Ce n’est pas juste. Comment vais-je faire l’épicerie? » / « Ces tests qu’ils ont faits pour évaluer mon aptitude à conduire étaient stupides et infantiles. » / « Qu’est-ce que ces médecins savent à mon sujet? »
- La négociation – « Je conduirai plus prudemment si tu me laisses garder mon permis de conduire. » / « Je ne conduirai pas sur autoroute, j’irai juste à l’église ou à l’épicerie. »
- La dépression – « Ma vie est finie. »
- L’acceptation – « Je vais essayer à condition que tu m’aides avec les horaires d’autobus. »
Source : Société Alzheimer d’Ottawa et du comté de Renfrew (en anglais seulement)
Reconnaître les émotions
Peu importe quelle émotion la personne atteinte de trouble neurocognitif ressent, un moyen efficace de l’aider à l’affronter est de reconnaître et de valider ce qu’elle ressent. Par exemple :
- Aidez-la à identifier ce qu’elle ressent (selon les besoins) et encouragez-la à parler de ce qu’elle vit.
- Écoutez avec empathie, montrez que vous comprenez ses sentiments et rassurez-la avec des propos réconfortants.
- Encouragez-la à affronter les sentiments douloureux comme la tristesse et la perte plutôt que de les éviter. Cela aide souvent les gens à traiter leurs sentiments, ce qui mène à une amélioration de l’état d’esprit.
- Évitez de dire quoi que ce soit qui pourrait être perçu comme le fait que vous niez ou ignorez ses sentiments.
- Encouragez-la à parler à d’autres gens qui la soutiennent dans sa vie, comme les membres de la famille et les amis ainsi que son médecin, d’autres professionnels de la santé physique et mentale et des chefs spirituels.
- Suggérez-lui de contacter la Société Alzheimer régionale pour obtenir du soutien et des ressources.
En résumé, la création d’une relation de confiance et un dialogue ouvert aideront la personne atteinte de trouble neurocognitif à affronter ses émotions.
- Restez patient(e). Vous pourriez devoir expliquer plusieurs fois au
membre de votre famille atteint de trouble neurocognitif pourquoi il ne peut plus conduire.
- Laissez-lui vous donner des conseils. Soyez patient(e) quand il vous dit
comment conduire. Laissez lui partager l’expérience.
- Assurez le membre de votre famille atteint de trouble neurocognitif que de ne pas conduire n’est pas son
identité et que de le conduire à divers endroits est une occasion de passer du
temps ensemble. Ne lui donnez pas l’impression que c’est une corvée. Faites-lui
souvent part de votre amour inconditionnel.
Trouver de nouvelles façons de conserver la motivation et le sens de la vie
Pour compenser la perte d’identité et de motivation ressentie par la personne atteinte de trouble neurocognitif, encouragez-la à essayer de nouvelles activités. Par exemple, fréquenter un centre de jour pour adultes ou être volontaire à la Société Alzheimer peuvent donner des occasions de socialiser et d’aider les autres et rétablir son sentiment d’estime de soi. Utilisez également la feuille de travail Not Going It Alone: Who Can Offer Support? (cliquez ici) pour identifier à qui
d’autre elle peut s’adresser pour obtenir du soutien. Elle a été produite par
l’organisme The Hartford (en anglais seulement).
- Elle a donné sa voiture à ma nièce, ce qui lui a donné un sentiment
d’utilité et c’était une façon de cesser de conduire avec dignité.
- Faites-lui savoir qu’elle fait la bonne chose pour la communauté en
général et pour qu’elle-même soit heureuse et en sécurité.
Utilisez la feuille de travail
Not Going it Alone: Who Can Offer Support? (cliquez ici). Cette feuille a été produite par
l’organisme
The Hartford. Une fois la feuille de travail passée en
revue, le fait de fermer la page Web vous ramènera ici.